jeudi 1 janvier 2009

ARTIFICE DE FEU

Journée Louvre : nous avions mis le réveil assez tôt pour y être à l’ouverture, et pourtant une file tortillonnée, toute de touristes et surtout d’italiens hyper excités, nous attendait : une demie heure pour entrer, plus une demie heure pour se procurer un billet. Nous avions chacun notre livre, ce qui a rendu l’attente supportable, mais ponctuée de questions existentielles : combien de visiteurs par an au Louvre, densité des étrangers au mètre carré, chiffre d’affaires du plus grand musée du monde ou encore combien de malheureux disposés en batterie pour nous enjoindre d’avancer, plus vite, moins vite, à droite, tout droit !
La récompense était l’exposition sur Mantegna, prise, pour être tranquilles, par la fin (les visiteurs se lassent et accélèrent à la fin), puis recommencée au début vers 13h, l’heure calme par excellence. Il nous fallut environ 4 heures pour en venir à bout tant elle était dense et intéressante. Intéressante, bien construite, toute en savantes références aux influences, évolutions, et autres mises en parallèle du maître et de ses disciples. De très belles toiles, des dessins émouvants comme ces copies de Mantegna par Rembrandt ou Rubens, des peintures d’une grande qualité, mais finalement un ensemble plus didactique qu’émouvant, Mantegna étant sans doute un peintre trop froid pour émouvoir. Ce n’est pas son but, et si son art est superbe, on reste de simples spectateurs émerveillés par sa virtuosité incroyable à mêler miniature et monumental.
Après un petit en-cas pris sous la pyramide, deuxième exposition consacrée celle-là aux bronzes français du XVI et XVIIèmes : de belles pièces mais sans le talent des sculpteurs italiens de la même époque, un ensemble un peu rigide, aux thèmes assommants, mythologie et exaltation du pouvoir royal, bref assez pour nous occuper jusqu’à la fermeture du musée, mais ravis d’en avoir terminé ! Comme le disait fort élégamment l'article du Figaro qui nous a incités à aller voir cette exposition "le spécialiste trouvera mille raisons de s'arrêter dans ce jeu de piste marathonien qui nous fait sillonner les cours Marly et Puget, la crypte Girardon et la salle Houdon. Quant au grand public il lui faut c'est vrai, un brin d'enthousiasme. Ne pas se laisser décourager par le sérieux du propos. Oublier les semelles de plomb."

C’est la saint Sylvestre, il nous fallait donc faire un peu la fête. Marché Picard pour ne pas se prendre la tête en cuisine… J’avoue ne pas avoir été très enthousiaste pour aller dîner au restaurant ainsi que Michel semblait en avoir envie, ce fut donc un excellent souper maison, avec nos huîtres et divers alcools destinés à nous faire enterrer 2008 en rose avant de passer à autre chose ! J’ai dégoté dans vos disques un merveilleux Didon et Enée jamais ouvert, qui a fait notre bonheur en attendant l’aube nouvelle. Non ! J’exagère, la fatigue aidant, nous avons eu du mal à tenir jusqu’au passage fatidique et pourtant bien théorique du milieu de la nuit ! Mais au passage je vous recommande cette version sublime de Monteverdi par William Christie !

Patrick nous ayant affirmé dur comme fer qu’il y avait un feu d’artifice à minuit à la Tour Eiffel, nous avons ensuite pris le chemin du Pont d’Iéna, dans un métro hyper bondé d’une foule se rendant comme nous vers le Champ de Mars. Nous avons pris position sur le pont, avons contemplé longuement les bateaux mouches qui faisaient halte au pied de la Tour, remplis de gens festoyant allègrement, les touristes s’accumulant sur le quai, y sablant le champagne et se photographiant sous toutes les coutures. Il faisait froid mais sec, et nous avons attendu patiemment 11h30, puis minuit… La Tour qui était illuminée en bleu à cause de la présidence de l’Union européenne a commencé par éteindre ses étoiles, dans un grondement désapprobateur de la foule. Puis elle a clignoté durant les 5 minutes syndicales qu’elle offre aux badauds chaque heure, et enfin a changé de couleur pour une illumination traditionnelle dans les tons de jaune. La présidence de l’UE avait pris fin, l’année 2009 venait de commencer dans un concert assourdissant de cornes de navires, de klaxons et de hurlements divers, mais de feu d’artifice point ! Les centaines de milliers de personnes présentes tout le long de la Seine ont encore attendu quelques minutes avant de s’écouler lentement le long des quais un peu dans tous les sens, désorientées par ce non-événement. Nous avons quant à nous pris le chemin des Champs Elysées, histoire de faire une immersion rapide et sans grand enthousiasme dans le bain humain qui en couvrait la chaussée à perte de vue et, un peu frigorifiés par l’attente et l’air de la nuit, sommes rentrés tranquillement chez nous pour une dernière coupe de champagne, à la santé de l’an nouveau cette fois-ci.

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