vendredi 27 février 2009

CINEVACANCES

Semaine de vacances, sur fond de printemps précoce et de compta tardive ! Comme chaque année, pensum incontournable, et après quelques mésaventures informatiques, Michel a pu faire ses comptes 2008 à Meschers. Ce qui nous a permis d'intercaler entre les longues heures de corvée quelques jolies promenades, et beaucoup de cinéma. Il a fini hier tout seul en tombant presque juste alors qu'accablée par un rhume dévastateur je me révélais incapable de lui apporter la moindre lumière. Du coup pour fêter ça on s'est offert une randonnée Meschers Saint Georges avec Madeleine et Pascal, délicieux pique-nique sur les blokhaus de Suzac et tarte aux prunes à l'arrivée.
Côté films, Mascarades, une délicieuse comédie algérienne, qui malgré d'infimes maladresses, nous a enchantés. Cette chronique aigre-douce de la vie d'un petit village perdu au fin fond des Aurès, est délicieuse, pleine d'énergie et d'humour. On rit beaucoup aux mésaventures de chacun, tous en prennent pour leur grade mais sans la moindre méchanceté. Pas la moindre longueur, pas de redite, un comique de situation sans cruauté, des acteurs attachants et un paysage de toute beauté. Le rythme est soutenu, c'est irrésistible de drôlerie et de tendresse pour le village, sans caricature, sans misérabilisme, le ton est juste et on se prend au jeu. Un petit film qui mérite vraiment d'être vu et soutenu.
Il Divo, de Paolo Torentino, retrace avec un rythme certain, la vie d'Andreotti, mais sur un ton un peu artificiel, et finalement assez complaisant pour l'homme politique qu'il prétend épingler. C'est très esthétisant, la mise en scène est très léchée, la bande-son haletante et fort belle, et si le montage proche d'un opéra est parfaitement stylé et réussi, cela finit cependant par sembler un peu factice et être carrément agaçant. Il est clair qu'il faut bien connaître l'histoire politique contemporaine pour suivre les arcanes de la charge menée par Torentino, mais finalement il en fait trop contre la Démocratie Chrétienne et pas assez contre Andreotti, tellement seul et solitaire qu'il en semble pitoyable. Après nous avoir mis en situation de voir en Andreotti un manipulateur cynique et presque sanguinaire, il inverse le propos pour nous suggérer un homme accusé à tort qui n'aurait agi, mal certes, que par souci du mieux-être de la nation et dans une ambiance de guerre froide excusant tous les excès. On ressort l'esprit vaguement embrouillé par une démonstration qui fait la part trop large aux exagérations en tous genres.
Pas un chat dans la salle pour Slumdog millionnaire ?? Normal ! nous nous étions trompés d'une demie-heure et l'effet "oscars" a rempli la salle jusqu'au premier rang... une semaine avant nous aurions été une dizaine ! Cette affluence nous a un peu gâché la perception du film tant le public était grégaire, commentant, expliquant, se réjouissant toujours à contre temps. Du coup les ficelles deviennent apparentes. Le succès du film est normal, tant il est consensuel et fleure la recette marketing à plein nez : on fournit au public son émission de télé préférée, avec une charge modérée contre le méchant présentateur, on ajoute un zeste de bonne conscience et d’apitoiements sur fond de bidonvilles et on assaisonne le tout d'une histoire d'amour convenue qui se termine bien. On sent derrière les images superbes les discussions du staff de montage, choisissant soigneusement les scènes qui feront mouche, les répliques qui plairont et les rebondissements qui tiendront le public en haleine sans le décevoir. La première partie du film est magnifique, la fuite et la survie des trois enfants est émouvante, menée avec brio et sur un rythme parfait. Les gosses sont sublimes, dirigés avec beaucoup de tact et de naturel, et la peinture des bidonvilles est digne et convaincante. Puis tout bascule, devient artificiel et s'enlise peu à peu dans un moralisme judéo-chrétien de mauvais aloi. La scène de rédemption finale du frère dans sa baignoire de fric frise le ridicule et la dernière demie-heure mériterait juste d'être coupée. Une avalanche de bons sentiments noie peu à peu la bonne impression du début et on ne réussit pas à admettre que cette fin bolywoodienne soit à prendre au deuxième degré. Et cela s'enlise dans la guimauve.

2 commentaires:

  1. Bon allez j'me lance, n'ai jamais osé répondre à une de tes critiques cinémas, car ce sont de vraies analyses pointues ! Toujours très passionnantes, mais moi je fais parti de ces gens qui ont toujours du mal à parler d'un film ! Enfin pour une fois qu'un film que tu commentes passe dans mon coin de pays.. il fallait aller le voir ! Sommes donc allés voir "Slumdog Millionar"... et avons beaucoup aimé ! Je suis avec toi sur le début du film... la fin je ne sais pas, j'aime le repenti du frère tout de même, ça doit être mon côté "fraternité" et Michael lui qui est très fleur bleue a beaucoup aimé la vrai "happy end"... (mais bon lui il ne regarde jamais de films déconseillés au moins de 12 ans...). J'ai beaucoup aimé les enchaînements rapides des scènes, cette musique dont le rythme nous transporte dans ces rues bondées de Bombay...
    Sinon je n'avais jamais "vu" de réelles prises de vues sur l'Inde, et toute cette misère, cette lutte journalière pour survivre m'ont vraiment touchées...
    Voilà c'était ma petite impression ! Et merci pour tes critiques de films !

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  2. Mais oui tu as raison c'est parfait du point de vue documentaire... quant au côté fleur bleue, il en faut, ça fait toujours recette et pourquoi pas !!! nous serions allés le voir avant les oscars on aurait beaucoup aimé, mais là on a trouvé que le film souffrait d'un excès d'honneurs ! tu sais c'est injuste de voir une salle pleine pour cause de pub intensive, pour certains, alors que d'autres, bien aussi méritants voire plus talentueux n'ont que trois malheureux pelés... Et on voit si souvent d'excellents films mal relayés qu'on se montre plus dur pour ceux qui n'ont pas besoin de notre enthousiasme pour faire fortune.

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