mardi 10 juillet 2012

AVIGNON OFF 2012 - 2 -

Partance


Stefan Zweig

Un quai de gare. Un homme et une femme se retrouvent après plusieurs années d’absence. Cette séparation qui devait durer quelques mois s’est prolongée avec l’avènement de la première guerre mondiale. L'un comme l'autre sont en partance. Chacun espère éprouver la même passion. Le temps rend les sentiments plus vulnérables.
"Un voyage dans le passé" de Zweig a été traduit et publié par Grasset en 2008, et les théâtreux s'en sont emparé. Il y est question d'amour, de séparation, d'incommnicabilité et de passion.
Agités.... Partant du principe, sans doute, que le texte est aride (encore que ???), les troupes essaient d'en offrir au spectateur "pour son argent"... et puis, les jeunes comédiens, c'est un fait, sont mieux formés qu'autrefois : ils dansent, se meuvent, "acrobatent" et sautent avec aisance... enfin avec plus ou moins d'aisance selon les corpulences, mais ils sont mobiles, vifs et réactifs. Dont acte... mais de là à gigoter sans cesse, surtout sur un texte un peu triste de Zweig, il y a un pas que la Compagnie du Théâtre de la Forêt a franchi avec trop d'empressement. D'autant que toutes ces  turbulences sont un peu gratuites. Ils en font trop, et ne savent pas poser le texte. Or Zweig, ce sont des mots, lourds, pénibles, pesants parfois, et là, ils tournoient, se déculottent ou s'agenouillent avec trop d'ostentation. Pour autant, si Nicolas Piot a une diction un peu trop "contemporaine" (cette façon un peu adolescente de laisser trainer les fins de mots) et n'est pas vraiment convaincant, Sylivie Duchêne joue bien, et juste. Mais le parti-pris de mise en scène laisse un goût d'effervescence inutile et de trop- plein injustifié. La fin, par contre, est bien trouvée et, au risque de paraître plaquée, marque bien le caractère prémonitoire des amertumes de Zweig, et le côté excessif de sa conception de la passion amoureuse.

Pour un oui ou pour un non

Nathalie Sarraute
Deux hommes sur scène pour en débattre... Parce que sous les mots se glissent des silences qui pèsent de tout leur poids, deux amis règlent des comptes à propos d'un «mal entendu» qui provoque une sensation de malaise fascinant. « Non, pas des mots comme ça... d'autres mots... pas ceux dont on dit qu'on les a eus... des mots qu'on n'a pas «eus» JUSTEMENT. On ne sait pas comment ils nous viennent». Nathalie Sarraute réchauffe les paroles, comme de vieux plats, que la quotidienneté aurait figées, à peine prononcées. Elle nous donne à entendre des petits riens qui ont «toute la violence d'un champs de bataille». 4 comédiens sur scène, un décor suspendu à un fil...

Nathalie Sarraute a écrit peu de pièces car sa pratique des mots lui paraissait peu compatible avec le théâtre. Pour elle, les dialogues étaient à la surface des choses alors que l'essentiel est souterrain. Pourtant elle a écrit, un peu, pour le théâtre. Ses premières pièces, Le Silence et Elle est là, ont été créées par Jean-Louis Barrault en 1967. Depuis, son théâtre n’a jamais cessé d’être mis en scène avec une prédilection pour Pour un oui, pour un non. Pas moins de trois troupes le donnent cette année à Avignon.

En ce qui concerne celui du Bourg-Neuf, rien à déclarer. Alter, qui considère que je n'ai pas à faire du "social" (les pauvres, je ne vais quand même pas leur casser la baraque !), m'a tout de même invitée à rajouter "à éviter"... J'avoue que je serais tout de même curieuse de le voir mis en scène et joué par de "vrais" comédiens.

D'Artagnan, Hors la Loi

Grégory BRON
C’est un bien petit maître celui qui n’assujettit que le réel. La vraie tentation c’est vouloir beaucoup plus : l’estime de soi, le geste gratuit, la quête de l’impossible, défier les lois, tuer le législateur, bref être sublime.

Alors voilà, D’Artagnan débarque de sa province, provoque trois mousquetaires, tombe amoureux, affronte une flopée de gardes dans des combats hallucinants, traverse deux fois la Manche et se heurte de front au Cardinal.


C’est une épopée haletante - n’en doutez pas - une narration décomplexée - puisqu’on vous le dit - mais aussi un gant jeté à l’esprit de sérieux, au matérialisme bourgeois, à toute médiocrité, le tout en alexandrins sonnants et trébuchants - gardez la monnaie !



Koka l'avait vu il y a deux ans dans les rues (car il y a aussi, ici, le Off du Off, la rue, la vraie, pas ce qu'on appelle "le théâtre de rue", mais de vrais comédiens qui jouent sans protection, sans scène, sans rampe, à cru en quelque sorte !!) et Roberto (ce lecteur sans blog avec lequel nous partageons depuis quelques jours, coups de coeur et coups de gueule !!) nous l'avait conseillé. Allons pour D'Artagnan. Et heureusement que nous avons eu ce spectacle pour sauver une journée désespérante : drôle, enlevé, chorégraphié, cette comédie de cape et d'épée en alexandrins contemporains fait jubiler le spectateur. Les traits d'esprit sont légers, enlevés, les combats bien menés, inventifs et fourmillant d'idées, c'est un spectacle à voir, surtout quand la journée est morne !!

La salle numéro 6


Tchekhov Anton

"Si vous ne craignez pas les orties, suivez-moi par le sentier" qui mène à la salle 6 de l'Hôpital du Dr.Raguine.Vous y trouverez 5 aliénés en blouses bleues et bonnets. Ils attendent de savoir qui sont les fous car parmi eux Gromov raisonne et intéresse Raguine,ce qui n'est pas du goût de Khobotov, jeune médecin sortant de faculté. Malgré l'intervention d'Avéryanitch,ami intéressé de Raguine, nous irons de raisonnement en résonnement, gaiement jusqu'à Petersbourg,même Varsovie. Mais à la fin qui aura raison?

Encore une pièce pour laquelle je préfère ne rien dire plutôt que de me laisser aller à des commentaires qui seraient par trop désobligeants.

Voir aussi :

1 commentaire:

  1. Bonjour , dommage que la critique de "pour un oui ou pour un non" (critique on ne peut plus négative ) ne soit pas plus enrichissante pour la jeune (entendre "nouvelle") metteur en scène que je suis ,j'ai toujours essayé de progresser suite à mes erreurs (tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort ...) enfin ... je veux dire écrite par de vrais critiques de théâtre ... ou venir me voir à la sortie pour en parler . Il y avait tellement de belles choses à écrire sur d'autres pièces qui ne bénéficiaient ,ni du lieu (théâtre permanent ) ni de l'inscription au OFF , que nous avions eu la possibilité de nous payer . Par exemple "un poing dans le coeur" par la cie Gérard Gérard texte de wwwajdi maouad . Bon Voilà ...

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