vendredi 12 juillet 2013

AVIGNON OFF 2013-4

En italique, la présentation par la troupe, ensuite mon avis sur la pièce


OPUS COEUR d'Israel Horowitz
Fabrik Théâtre avec Jean-Claude Bouillon et Nathalie Newman

Dans la ville de Gloucester, Massachussetts, le professeur Jacob Brackish engage Kathleen Hogan comme employée de maison. La rencontre de ces deux solitudes va provoquer un affrontement drôle et acerbe qui fera tomber les masques et révèlera que les plus beaux accomplissements arrivent parfois lorsqu'on a perdu tout espoir.
 Après "La Paix du Ménage" de Maupassant et "L'Invitation à la Valse" de Dumas, succès Avignon 2010 et 2011, la compagnie Calliopé Comédie s’enrichit d’un nouveau pensionnaire en la personne de Jean-Claude Bouillon, pour présenter l’une des plus belles pièces d’Israël Horovitz qui transmet avec force et humour un grand message d’humanité.

Koka m'avait prévenue : ne t'inquiète pas, au début, c'est lent ! Oui, Horowitz est un "vrai" auteur de théâtre et il sait faire monter la tension, et au début, on se dit "ah bon ? c'est tout !! ça patine". Mais en plus des états d'âme des personnages, de leurs colères et de leurs nostalgies à apprivoiser, il y a une intrigue, une évolution, une histoire. Et, comme disait Alter, "on n'a jamais été déçu par Horowitz".  Les deux acteurs étaient impeccables, très crédibles et on était pris. Une belle pièce d'Horowitz, jouée magnifiquement.


44 DUOS POUR VIOLONS DE BELA BARTOK 
Au Theâtre du Bourg Neuf avec Léonard Stéfanica, Clément Wurm, Jean Pétrement

"c’est la mort de ma mère qui m’a décidé à quitter notre chère Hongrie abîmée par ces chiens" Béla Bartók s’exile aux États Unis emmenant "en" lui ses 44 petits chefs d’œuvre construits à partir d’airs populaires hongrois , slovaques, serbes, roumains, arabes… Dépouillement et richesse, simplicité et raffinement. « celui qui veut vraiment sentir la pulsation de cette musique doit en quelque sorte la vivre… » B.Bartók « ... parenthèse musicale au cœur des Balkans…idéalement interprétée …spectacle à savourer ! » "...Seul avec ses 2 violonistes, Bartok rejoue sa vie et sa musique...dépaysement des sens et saine euphorie." La COULISSE

Un spectacle courageux qui permet de mieux comprendre Bartok. Mais, malheureusement, Bartok n'est pas d'un naturel très gai et ses danses sont tristes, populaires certes mais sans ce petit éclat de joie qui mettrait de la joie au coeur. Et puis, c'est vraiment difficile toutes ces dissonnances ne rendent pas la tâche de l'auditeur aisée. Cependant le spectacle est bien monté et mérite d'être vu, ne serait-ce que pour soutenir cette initiative intéressante.

Théâtre des Halles avec David Ayala, Charles Gonzalès, Dominique Hollier, Daniel Martin, Thibault Mullot, Afida Tahri, Roland Timsit
Ce triptyque met en scène avec émotion et humour des israéliens, des palestiniens et un irakien. L'auteure traque l’humanité de ces êtres ordinaires placés dans des situations exceptionnelles. Comme chez Shakespeare, les personnages deviennent tour à tour pétulants, fantasques, tragiques, drôles et bouleversants. «Ces trois textes, trouvent mystérieusement leur sens les uns par rapport aux autres, vont au plus profond dans le drame qui s’est noué sur une terre où se joue une interminable et cruelle partie». Robert Abirached.


Nous étions un peu sur le reculoir "Mais pourquoi a-t-on pris ce spectacle ?? Pourvu que ce ne soit pas trop consensuel, bourré de bons sentiments et trop prêchi-prêcha", bref, prêts à faire demi-tour à la moindre alerte. Allez, on y va, on ne risque pas grand chose tout de même ! Et on avait grand tort de s'inquiéter ainsi : le ton de ce triptyque est totalement juste, mesuré, sans la moindre mièvrerie, sans complaisance et sans clichés non plus. C'est superbement mis en scène, très bien construit, les acteurs sont parfaitement dans le ton, bouleversants, drôles parfois, sincères toujours. Le seul reproche que je pourrais faire, mais ce n'en est pas vraiment un, est que j'aurais préféré que ces trois saynètes soient présentées dans l'ordre inverse : la première est tellement poignante qu'il m'aurait semblé plus approprié de faire monter la tension dramatique et de terminer par elle. J'ai compris que le metteur en scène avait choisi l'histoire de l'irakien colombophile pour clore son spectacle par un joli effet de plumes, mais il aurait été encore plus saisissant de finir par cet impressionnant moment d'amour. Qui serrait vraiment la gorge et faisait monter les larmes. Un spectacle important, envoûtant et à voir. 


Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée d'après Alfred de Musset 
Essaion avec Isabelle Andréani et Xavier Lemaire

Nous sommes en septembre 1851, la servante et le cocher d’Alfred de Musset pénètrent dans son grenier pour récupérer des harnais, mais la découverte de textes inédits, le récit d’anecdotes piquantes vont les conduire à jouer eux-mêmes « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » et se déclarer de façon singulière leur amour. Toute la flamme de Musset jaillit de cette « comédie-proverbe » flamboyante, joyau de la littérature romantique, qui fera le régal de tous les amoureux d’un théâtre authentique et passionné.

On retrouve ici nos deux acteurs fétiches, Isabelle Andréani et Xavier Lemaire, qui jouent toujours aussi bien dans tous les registres. Ici c'est Musset qu'ils servent avec esprit et entrain. Comme la pièce est un peu courte, ils l'ont habillée d'une petite intrigue entre les domestiques du maître, pleins de verve et fort admiratifs de leur écrivain de patron ! C'est bien trouvé, et cela permet de placer quelques textes supplémentaires, même si j'ai un peu grogné à la lecture de la supposée lettre coquine de Georges Sand à son amant, tant il semble avéré que ce ne soit qu'un canular, ancien certes, mais farce tout de même. Mais cela n'enlève rien à la grâce de ce spectacle fort agréable, bien enlevé et très distrayant.


Le chemin des passes dangereuses  de Michel Marc Bouchard 
Théâtre du Bourg-Neuf avec Franck Borde, Mikaël Alhawi, Willy Liechty

Trois frères se retrouvent le jour du mariage du plus jeune. Victimes d’un accident, sur le lieu même où leur père a mystérieusement disparu quinze ans plus tôt, ils sont bloqués dans l’attente des secours.
Le machisme de l’ainé, l’homosexualité du cadet, le conformisme du dernier, leurs différences, leurs souvenirs, se heurtent entre tendresse et douleur. Les mots poignardent les mensonges.
Ce huis-clos charnel, poétique et violent, présente un miroir à nos propres fêlures.

Nos critères de choix de pièces sont multiples, les thèmes, les auteurs, les salles, les textes, les acteurs... bref, en général on a des raisons "sérieuses" d'aller voir une pièce. Mais là c'était plutôt l'heure !! On n'avait pas grand choix à cette heure-là, alors pourquoi pas celle-là ?? Le thème avait l'air intéressant et la salle est sûre. Bien nous en a pris : nous avons eu droit à un très bon spectacle, très très bien joué sur un rythme impeccable par trois comédiens impressionnants de naturel, percutants et sincères. La pièce est forte, poétique et saisissante, les comédiens sont doués et crédible et le rythme est impeccable : précis, parfaitement cadencé, les éclairages sont au cordeau, une excellente pièce à voir sans hésitation !!

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