jeudi 22 août 2013

BREF DICTIONNAIRE DES MACCHIAIOLI



Pour en finir avec les Macchiaioli, un article hommage où je présente très succinctement chacun d'eux, des noms que nous connaissons mal et pourtant, tous, des personnalités attachantes. J'ai illustré chaque brève note d'un portrait, choisi sur le net, le plus proche possible de l'allure qu'avait le peintre dans les années d'existence du mouvement, préférant toujours les peintures ou les autoportraits, quand c'était faisable. Dernière remarque : pas la moindre femme chez les peintres florentins, alors que les impressionnistes avaient des collègues femmes !!


Guiseppe ABBATI (Naples 1836 - Florence 1868) volontaire durant trois ans dans les troupes de Garibaldi, il est blessé en 1860 à la bataille de Capoue où il perd un œil. Il s'engage à nouveau aux côtés du héros en 1862 et se porte volontaire lors de la campagne militaire de 1866 en Vénétie. Un soldat mais aussi un excellent peintre, qui se taillera une place de premier plan parmi les macchiaoli. Il meurt en 1868 des suites d'une morsure de son chien que lui avait offert son mécène, Diego Martelli. On remarque le chien et le bandeau sur l'oeil perdu dans ce portrait que fit Boldini de lui.




Cristiano BANTI (Santa croce sull'Arno, 1824 - Montemurlo 1903) D'une famille aisée, il accueille les peintres dans ses maisons toscanes, peint avec eux et achète nombre de leurs oeuvres, constituant une belle collection qui est exposée aujourd'hui au Palazzo Pitti. Nommé professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Florence en 1884, il sera chargé de réorganiser le musée des Offices. Remarquez combien Boldini, toujours lui, met d'acuité dans ses portraits : on voit ici combien Banti était, par rapport à ses autres collègues, un "dandy" !






Giovanni BOLDINI ( Ferrare, 1842 - Paris, 1931) celui qui a fait le plus de "vieux os" !! et la carrière la plus brillante ! mais il n'est macchiaolo qu'un temps ! au tout début de sa carrière. Plus jeune que les autres, il préfére le portrait au paysage, et réalise de nombreux portraits de ses amis peintres avant de les quitter pour s'installer à Paris en 1867. Dès lors, sa carrière est établie, il devient vite célèbre et recherché : il s'éloigne de la manière macchiaoli dès 1876 et développe un technique très rapide et synthétique qui va jusqu'à dissoudre le sujet dans des impressions colorées. Boldini, le grand portraitiste de tous ses compagnons de palette, s'est aussi représenté : distingué, raffiné, prêt à partir pour le Bois ou l'Opéra, il est le prototype de l'élégant parisien !!



Odoarno BORRANI (Pise, 1833 - Florence, 1905) habitué du café Michelangiolo, il s'engage dans l'artillerie toscane. Proche des deux écoles, il pratique aussi bien Castiglioncello que Piagentina. En 1876, il tente d'ouvrir une galerie avec Lega pour promouvoir le nouveau courant artistique mais ce projet est un échec. Il ouvre alors une école privée de peinture pour subvenir à ses besoins. Il obtient quelques succès mais finit dans la misère, obligé de faire des décorations sur céramique ! Dans son autoportrait, Borrani se campe les bras croisés, un livre à la main et sa petite moustache à la Napoléon III lui donne un air très fier !

Vincenzo CABIANCA (Vérone, 1827 - Rome, 1902) peintre de tableaux de scènes de genre, il s'enthousiasme pour la macchia à son arrivée en Toscane et devient, selon Cecioni "le plus affirmé, le plus violent, le plus absolu des macchiaoli". Après avoir peint avec ses amis toscans, il part pour Paris et à son retour, s'installe à Parme, puis à Rome où il connait un certain succès. Boldini nous le présente la mâchoire décidée, l’œil vif et d'une élégance de muscadin !






Adriano CECIONI (Fontebuona, 1836 - Florence, 1886) reçoit en 1863 une bourse pour étudier hors de Toscane. Il part alors à Naples où il rencontre De Nittis et fonde avec lui l'école de Resina et le rejoint même à Paris. Mais il n'aime pas l'art français et peu à peu se brouille avec tout le monde. De retour à Florence dans les années 1870, il devient le théoricien de la macchia, s'imposant comme critique d'art. C'est un virulent polémiste et ses écrits sont fondamentaux pour l'étude du mouvement. En 1884, un poste de professeur lui assurera la matérielle et lui permettra de finir sa vie sans trop de soucis financiers.
On sent le querelleur dans ce portrait que fit de lui Borrani, l'homme a les bras croisés, l'air altier et décidé et fixe le spectateur d'un air qui n'a pas l'intention de s'en laisser conter !

Giovanni (dit Nino) COSTA (Rome 1826- Marina di Pisa 1903) rencontre De Tivoli en 1849 lors de la défense de Rome. Obligé de fuir la ville après la défait de la République Romaine, il finit par s'installer à Florence en 1859 où il retrouve son ami florentin au Café Michelangiolo. Lors d'un séjour en France, il séjourne quelques temps auprès des artistes de la forêt de Fontainebleau. De retour en Toscane, il combat auprès de Garibaldi, puis, la paix revenue, s'implique dans la vie politique. En 1878, se forme autour de lui une nouvelle école, l'école Étrusque, et il connait un certain succès (Biennales de Venise, exposition diverses). Il a laissé ses mémoires, document passionnant sur la vie d'un artiste en cette seconde moitié du XIXème. Frédéric Leighton, rencontré dans les Castelli Romani, lors de son exil à Arricia, puis retrouvé à Londres en 1861, en a laissé ce portrait doré et chaleureux, presqu'intime.

Vito D'ANCONA (Pesaro 1825 - Florence 1884) est, comme Banti, originaire d'une famille aisée. Passionné pour la littérature italienne et étrangère, en particulier les naturalistes français, il fréquentera de nombreux artistes français et italiens, participant aux premières recherches sur les Macchiaioli et se passionnant toujours pour les derniers développements artistiques. Il s'installe d'ailleurs à Paris en  1860, et y reste 7 ans. Après son retour à Florence, bien que très malade, il continue à peindre, obtient même une médaille d'or à Naples et c'est que lorsque la paralysie l'immobilise définitivement, en 1878, qu'il cesse toute activité. Il se représente, jeune encore, les traits déjà un peu empâté, et non encore pourvu de l'abondante barbe qui le caractérisera par la suite.

Serafino DE TIVOLI (Livourne, 1826 - Florence, 1892) participe, lui aussi, aux batailles de Rome, et est l'un des ardents protagonistes des discussions politiques du Michelangiolo. Il découvre Paris très tôt, en 1855, à l'occasion de l'Exposition Universelle et y rencontre Troyon, Rosa Bonheur et Decamps. De retour à Florence, il est l'un des premiers à encourager un changement de technique et à théoriser la macchia. Sa carrière sera inégale et, après un long séjour à Paris de 1873 à 1890, il rentre à Florence où il meurt dans le dénuement. Aucun portrait ou autoportrait du "Père de la Macchia", juste cette photo de lui, très "bourgeois" placide avec gilet et chaîne de montre !


Giovanni FATTORI (Livoune 1825, Florence 1908) était un amateur passionné de romans historiques de Walter Scott ou Victor Hugo et c'est sans doute pour cela qu'il aimait peindre des scènes de batailles, épiques. Ardent défenseur de la Macchia, il sera pourtant, à partir de 1880, parmi les déçus de cette génération et développera une sensiblité picturale très différente de celles de ses débuts, plus proche du naturalisme européen. Il s'autoportraiture de façon classique, tout jeune, palette et pinceau à la main, le cheveu un peu fou, presque romantique !






Silvestro LEGA (Modigliana, 1826 - Florence, 1895) a, nous l’avons vu, fait u peu bande à part quand il est tombé amoureux de la fille aînée de Spirito Batelli. C'est grâce à l'accueil de ce dernier à Piagentina qu'il fondera l'école du même nom, branche jumelle des machhiaoli. Son séjour auprès de sa belle est une période d'intense production artistique pour lui et il y affirme ce style lumineux et paisible qui le caractérise. Après la mort de Virginia, il fait une dépression, sombre dans l'inactivité et développe une maladie oculaire qui l'empêche de peindre. En 1876, il tente d'ouvrir une galerie à Florence avec Borrani, mais le projet échoue. Il meurt assez pauvre en 1895, d'une maladie d'estomac. Tout jeune, son autoportrait le montre anguleux, lui aussi adepte de la moustache et du bouc, et pourtant presque timide et très réservé.



Antonio PUCCINELLI (Castelfranco di Sotto, 1822 - Florence, 1897) obtient, après la première guerre contre l'Autriche, un bourse pour aller étudier à Rome. Lorsqu'il rentre à Florence, il se voit attribuer un poste d'enseignement à l'Académie de la ville. Pourtant il s'intéresse à la peinture "moderne", et veut même, en 1858, fonder un périodique pour promouvoir les peintres toscans contemporains. Le projet échoue et, connaissant un réel succès, il est nommé professeur à l'Académie de Bologne. Son portrait, dont je n'ai pas réussi à identifier l'auteur, le campe en parfait artiste : béret, foulard et blouse de peintre brune.



Raffaello SERNESI (Florence 1838 - Bolzano, 1866) fréquent bien spur le Café Michelangiolo, ocmbat dans le corps expéditionnaire toscan, puis de retour à Florence, aime à peindre en plain air avec tous ses amis macchiaioli. Il montre un intérêt marqué pour les peintres du Quattrocento (comme Borrani, Lega et Fattori) et participe de près à l'école de Piagentina. Il présente au salon de Florence de 1861 un tableau Petits voleurs de figues, jugé immoral par le jury ! En 1866, il combat aux côtés de Garibaldi pour prendre la Vénétie. fait prisonnier par les autrichiens, il meurt des suites de ses blessures à Bolzano. C'est le héros militaire du groupe, mort jeune pour leur idéal commun. Le seul portrait que j'ai trouvé de lui s'est vendu en vente publique (c'est pour cela qu'il est barré d'un filigrane inopportun) : c'est un autoportrait assez conventionnel, (pourtant Sernesi devint un macchiaolo ardent), et l'on ne devine pas, sous les traits de ce jeune homme assez académique, la fougue qui fut sans doute celle de l'artiste. 

Le père de Telemaco SIGNORINI (Florence, 1835 - Florence, 1901) était peintre à la cour du grand-duc de Toscane. Ce qui n'empêcha pas le fils d'être parmi les plus ardents inventeurs de la "macchia". Enrôlé comme tous dans l'artillerie toscane, il fera aussi un séjour à Paris. On lui doit des toiles audacieuses, comme la salle des agitées au Bonifacio de Florence, la prison de Portoferraio ou le Ghetto de Venise qui suscite lors de son exposition de vives critiques. Il devient, au milieu des années 1860, un écrivain polémiste et brillant, et on peut le classer parmi les théoriciens du groupe. Il participe aux différentes publications sur les macchaiaoli et voyage beaucoup. C'est leu seul, mis à part Boldoni, qui recevra une commande de Goupil, et il se verra attribuer un poste de professeur à l’Académie de Florence sur la fin de sa vie. Sa photo le montre chaussant de fines lunettes qui accentuent son air d'intellectuel convaincu ! 




Federico ZANDOMENEGHI (Venise, 1841 - Paris, 1917), avec un nom pareil, est bien sûr vénitien, et c'est là qu'il se forme. Il participe en 1860 à l'expédition garibaldienne des Deux-Siciles, et se retrouve étiqueté déserteur par la police autrichienne. Ne pouvant rentrer à Venise, il erre un peu et finit par y revenir, ce qui lui vaut d'être arrêté et emprisonné en 1862. Il s'évade et part à Florence où il se lie d'amitié avec le mouvement machhiaiolo. Lorsque Venise est libérée, il rentre chez lui mais garde des contacts avec le groupe. En 1874, il va s'installer à Paris où il devient proche des impressionnistes et participe même à leurs expositions. Pourtant, il rêve de revenir à Venise, désir qui ne sera pas exaucé, même si la Biennale de Venise lui consacre, en 1914, une importante exposition rétrospective. Il porte beau sur cet autoportrait qui le peint inquiet, le sourcil froncé et la bouche entrouverte, comme s'il était en train de s’apostropher lui-même !




Sources des photos illustrant cet article :
L'article est écrit grâce au lexique fourni par le catalogue de l'exposition.


6 commentaires:

  1. Tres bonne idee ce recapitulatif! Merci

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    1. J'espère qu'il pourra être utile à quelqu'un un jour
      Merci Eimelle

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  2. Magnifique galerie de portraits ! comme quoi les artistes engagés ne sont pas d'aujourd’hui...

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    1. Et c'est ce qui fait, à mon sens, tout l'intérêt des Macchiaioli, leur engagement, leurs convictions, leur volonté d'avancer vers autre chose.

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  3. Merci, Michelaise, pour cette très intéressante galerie de portraits. J'aime beaucoup la peinture de Boldini et je trouve Cristiano Banti fort séduisant. En voici un qui a su s'occuper de ce qui était vraiment important: ses amis et, bien sûr, la peinture. Je comprends le désir de certains artistes de s'engager, mais quel ennui! Vous devez me trouver irresponsable et superficielle, mais je pense que faire de la politique ne prouve en rien qu'on possède des compétences artistiques.
    J'ai hâte de lire vos autres articles et je vous souhaite un bon weekend.

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    1. C'est vrai qu'il n'est pas mal Banti !! Mais tous ont belle allure, ce sont italiens tout de même !!
      Ceci étant ce n'est pas parce qu'on fait de la politique qu'on a des compétences artistiques, mais, pour des artistes, avoir des convictions et les défendre (là, il s'agissait tout de même de la démocratie pour leur pays et en plus de l'unité dudit pays) c'est un plus !! Cela les ancre dans leur époque et l'amitié qui est née de ces engagements politiques n'a fait que renforcer leur amitié artistique. Enfin c'est ce que j'aime chez les Machhiaioli ! Bon week-end à vous aussi Anne

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