mercredi 17 septembre 2014

LE DOMAINE DE BOISBUCHET


J'ai profité du stage d'improvisation d'Alter pour aller visiter le vaste domaine de Boisbuchet , découvert l'an dernier lorsque nous étions allés visiter à Royan l'exposition "la vie des objets", dont la majorité des objets provenaient de la collection d'Alexander Von Vegesack, propriétaire de l'endroit. Lessac, un petit bled sis au nord de Confolens, aux confins du Limousin.


La nature, que dis-je, la Nature avec tout ce qu'elle a d'ostensiblement "campagnard" : forêts de chênes et de châtaigniers à perte de vue, sol humide et granitique. Et là, au bord de la Vienne qui court et chante, un domaine de 150 hectares. Au centre, une gentilhommière construite en 1865, un peu délabrée et totalement inhabitable, de multiples dépendances, une ferme, un lac, un étang, des prés et des bois.



En 1986 Alexander Von Vegesack, collectionneur d'art et de mobilier industriel achète cet ensemble à l'abandon, envahi de ronces et d'arbustes. Alexander est aussi directeur du Vitra Design Museum à Weil-am-Rhein, bourgade allemande située à peu de kilomètres de Bâle. Un musée du design conçu par Frank Gehry (qui a réalisé plus tard le Guggenheim, à Bilbao).


À Lessac, au milieu de nulle part, on a d'abord pris Von Vegesack pour un doux dingue. Il prétendait conjuguer l'amour de la nature avec celui des beaux-arts, rien moins !! S'étant, c'est plus sûr, assuré partenariat de grandes institutions comme le centre Pompidou ou l'École nationale supérieure d'art de Limoges, le propriétaire des lieux propose chaque été à 350 à 400 jeunes designers et graphistes, architectes et paysagistes de participer à des ateliers animés par des professionnels de renom, des « workshops ».



Et le jeune guide qui assurait notre visite (une promenade de 3h où l'on va de pavillon en pavillon et où l'on parcours une partie du domaine à la recherche d'improbables réalisations qui, sans explications, seraient bien surprenantes, nous a beaucoup parlé de ces moments créatifs qui rythment la vie de Boisbuchet.


Le dernier workshop en date travaillait sur la laine, et les participants, venus des 4 coins du monde, avaient pour la plupart laissé leurs "oeuvres" trop encombrantes pour faire le voyage de retour en avion !!


A part ces wokshops dont certains restent en place dans le parc, cette chaise au bord de la Vienne ou ce simili carrelet agrémenté d'un hamac, et qui, il faut bien l'avouer, font un peu travaux de patronage réalisés avec des bouts d'ficelles, le domaine propose un certain nombre de constructions pérènes constituant l'essentiel du parcours architectural.


Le bâtiment le plus ancien fut offert par la Japanese Kominka Research Society. Démontée pièce par pièce, cette maison d'hôtes de la région de Shimane, dans l'ouest du Japon, fut importée et reconstruite à l’identique à Boisbuchet par une équipe d’artisans japonais. Les hôtes japonais seraient fort marris de l'occuper car ses papiers de riz, mangés par les frelons charentais, feraient bien piètre figure dans un pays où l'on change normalement les papiers de riz tous les ans !! Mais la construction a fière allure et son intégration dans le paysage, ponctue d'un petit bosquet de bambous, a de l'allure.


Puis, au cours de la promenade, on croise une bonne dizaine d'autres constructions, de la plus gratuite, comme "la cabane", improvisée par les architectes bavarois Brückner & Brückner en 2006. Ils ont utilisé les rondins du chêne mort qu'on aperçoit en arrière plan, et, les empliant comme pour un tas de bois de chauffage, lui on donné cette aspect de maison, une cabane transpercée par les rayons du soleil...


... à la plus "utile", comme cette maison réservée aux hôtes de marque du domaine (en pratique les architectes qui viennent y faire des sessions, et équipée en conséquence d'un certain confort ! Oeuvre de l’architecte colombien Simón Véle, elle fut construite avec l’aide d’étudiants en 1999et complétée, l’année suivante, par le pavillon de bambou qui sert de salle de conférence.


Certaines ont mal vieilli, comme le dôme en bambou et en fibre de verre, réalisé en 2006 par l’ingénieur et architecte Jörg Schlaich (qui a réalisé le stade olympique de Munich avec Frei Otto). Une variante dôme, construite en 2009, est constituée de baguettes en fibre de verre connectées entre elles par des manchons en aluminium spécialement fabriqués pour cet usage, et recouverte d’une membrane indéchirable, étanche et translucide. Mais les lichens y ont élu domicile, créant des effets de lumière étranges et romantiques !!!


En cours de construction, un maison passive a été, elle aussi offerte à Boisbuchet par l'équipe pluridisciplinaire composée des universités américaines Rhode Island School of Design et Brown University et allemande University of Applied Sciences of Erfurt, qui après l'avoir exposée du 27 juin au 11 juillet à Versailles, pendant la compétition Europe Solar Decathlon 2014, est en train de la remonter dans le parc. Elle sera utilisée par la suite de manière permanente, utilisée, et sa consommation énergétique sera constamment contrôlée. Vous l'avez compris, elle produira, grâce à des panneaux photovoltaïques souples, sa propre énergie et se compose d'une seule grande pièce, flexible et modulable. On pense en faire une résidence pour les étudiants.


La dernière bâtisse venait juste d'être terminée quand j'ai effectué la visite. Réalisée à partir de matériaux de récupération ramassés sur le Domaine, elle se présente comme une cabane de bidonville, et a été élaborée par des architectes russes (dont je n'ai pas noté le nom) qui s’inspirent, disent-ils, des logements fleurissant dans les banlieues de grandes villes de leur pays. Rien de bien folichon !!! Ils lui ont, soigneusement, donné la même inclinaison, au degré près, que les arbres qui l'entourent !! Donc, non content d'être de bric et de broc, elle est de guingois !


La visite se termine par le  pavillon chinois appelé Le Manège. Conçu par l'architecte allemand Markus Heinsdorff en 2007, il fut en effet fabriqué lors d'une exposition en Chine, où l'industrie allemande présentait des technologies modernes pour un développement urbain durable. C'est un bâtiment elliptique dont l'ossature porteuse est faite de bambou et d'acier et dont le toit et les parois sont constitués de polycarbonate transparent. Il a été offert à Boisbuchet par le Goethe Institut et par la République populaire de Chine. D'une superficie de 120 m², il peut accueillir 150 personnes et héberge en cette fin d'été les maquettes des principales réalisations du domaine.

Le Domaine se visite l'été uniquement (jusqu'au 22/09), et sur rendez-vous, 3 jours par semaine (mercredi, samedi et dimanche, matin à 10h, pm à 15h). Chaque année le site est ouvert pour les Journées du Patrimoine, une bonne idée de promenade (comptez au moins 2h de marche dans les prés !!) les 20 et 21 septembre !! La visite est forcément guidée, car non seulement on est dans une propriété privée, mais sans le jeune accompagnateur passionné qui vous conduit, on aurait du mal à s'intéresser à ces diverses bâtisses ! Il y aura beaucoup de monde pour les Journées du Patrimoine, mais les autres week-ends, c'est plus calme (nous étions 6 !) et fort agréable. Enfin, un petit "bistrot organique" (la première photo) installé en surplombe de la Vienne, permet de déjeuner avant, pour pas cher et dans un cadre idyllique.

2 commentaires:

  1. On dirait un cabin...air de curiosités !

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  2. C'est une visite bien intéressante, et le personnage également ! j'aimerais bien faire un tour là-bas !

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